La conscience phonologique

Définition

Pour un élève, développer sa conscience phonologique c’est prendre conscience de la structure sonore des mots parlés, indépendamment de leur sens.

L’enfant va d’abord prendre conscience des unités sonores les + grandes : les syllabes vers 3/4 ans puis les rimes vers 4/5 ans. La conscience phonémique (de sons isolés) est + tardive : elle se développe au moment de l’apprentissage de la lecture vers 6/7 ans.

Il est maintenant démontré depuis longtemps par la recherche qu’un enfant qui a un bon niveau de conscience phonologique en maternelle apprendra + facilement à lire au CP. A contrario, un faible niveau de conscience phonologique à la maternelle est un facteur de risque pour l’apprentissage de la lecture au CP.

Entraîner la conscience phonologique

Enseigner explicitement et précocément

Heureusement, il est possible d’entrainer efficacement la conscience phonologique en maternelle pour prévenir les difficultés d’apprentissage de la lecture : pour cela, il faut proposer aux élèves un entrainement efficace de la conscience phonologique en maternelle ET il faut proposer ces activités le + tôt possible. En effet, il a été prouvé que les entrainements précoces proposés à 4 ans ont des effets remarquables et ce, pour TOUS les enfants, quel que soit le milieu d’origine et ils sont particulièrement bénéfiques pour les enfants à risques.

Pour développer la conscience phonologique, il faut que l’enfant détourne son attention du sens des mots pour se focaliser sur leur structure sonore. Dès l’âge de 3/4 ans, il est possible de sensibiliser les enfants sur la longueur des mots (ex : prendre conscience que le mot « train » est moins long que « coccinelle », cela implique de se concentrer sur ce qu’on entend sans tenir compte du sens).

Les chansons, comptines et jeux verbaux sensibilisent aussi les enfants aux propriétés sonores des mots mais cela n’est pas suffisant pour développer se conscience phonologique.

Un enseignement explicite est nécessaire pour prendre compte des unités qui composent les mots parlés.

Suivre une progression logique stricte

Il est recommandé de suivre une progression STRICTE des unités sonores les + grandes vers les + petites :

  • En PS, il s’agit d’une simple sensibilisation aux syllabes.
  • En MS, on commence un travail explicite sur les syllabes et on sensibilise aux rimes.
  • En GS, on mène un entraînement explicite sur les syllabes et les rimes et on sensibilise aux phonèmes.
  • C’est seulement en CP qu’on enseigne explicitement les phonèmes et on le fait en lien direct avec avec l’apprentissage de la lecture.

Utiliser des supports facilitateurs

Pour un enseignement efficace, il est préconisé d’utiliser des supports visuels ou gestuels afin d’alléger la charge en mémoire de l’enfant et le focaliser sur l’analyse de la forme sonore du mot.

Ces supports sont encore + importants lorsque les activités portent sur les phonèmes car ce sont des unités difficiles à isoler dans la chaîne sonore du mot. Ces supports visuels peuvent être des blocs colorés (ex : bleus pour les consonnes et rouges pour les voyelles), des lettres mobiles, …

5 règles à respecter pour un entraînement efficace

  • travailler par petits groupes de 3 à 5 enfants
  • faire des séances courtes (10 à 25 min)
  • opter pour un entraînement intensif (minimum 3 séances/semaine voire tous les jours)
  • mener à la fois un entraînement à la segmentation et à la fusion des unités travaillées
  • penser à faire un feedback systématique sur les réponses données.

Des méthodes d’enseignement « clés en main »

Et si cela ne suffit pas ?

Il y a un double intérêt à mener cet enseignement explicite précoce de la conscience phonologique : prévenir les difficultés d’apprentissage au CP (comme déjà évoqué ci-dessus) et détecter les élèves qui ne progressent pas malgré les activités proposées c’est-à-dire ceux qui sont à risque de présenter des troubles de l’apprentissage de la lecture.

Pour ces élèves qui ne progressent pas comme attendu malgré l’entraînement proposé, on peut :

  • augmenter la fréquence des activités
  • multiplier les feedbacks correctifs individualisés
  • proposer des activités complémentaires visant à augmenter le stock de vocabulaire oral et à bien distinguer les sons et les mots proches.

Et si cela ne suffit toujours pas ?

En premier lieu, il convient de penser à vérifier qu’il n’y a pas un trouble de l’audition. Pour cela, on orientera la famille de l’enfant vers une consultation ORL.

Si l’on continue de constater, malgré une audition correcte et les réponses pédagogiques apportées par l’enseignant de la classe, des difficultés persistantes dans le développement de la conscience phonologique en GS, on demandera dans un premier temps l’avis du RASED qui intervient dans l’école.

Selon le cas, on complètera par l’avis d’un professionnel de santé (orthophoniste ou médecin scolaire) sans attendre l’entrée au CP car ces difficultés peuvent être le signe que l’enfant risque de développer un trouble du langage écrit. Cela est d’autant plus vrai s’il existe chez l’élève en question un facteur de risque associé comme un trouble du langage oral.